La newsletter Biocoop

Restez informé de nos promotions, actualités et événements en magasin

inscrivez-vous
05 59 39 00 80
logo Biocoop
Biocoop Oloron Haut-Béarn
Mes courses en ligne

3 questions à… Nora Bouazzouni

3 questions à… Nora Bouazzouni

Le 18/06/2021

C’est la voix de Plus bio la vie, le podcast coproduit par Biocoop et Slate au sujet de l’alimentation et de la bio. Cette journaliste culinaire débusque le politique jusqu’en cuisine : comment nos pratiques alimentaires, nos assiettes disent-elles quelque chose du monde dans lequel on vit ? Interview.

C’est la voix de Plus bio la vie, le podcast coproduit par Biocoop et Slate au sujet de l’alimentation et de la bio. Cette journaliste culinaire débusque le politique jusqu’en cuisine : comment nos pratiques alimentaires, nos assiettes disent-elles quelque chose du monde dans lequel on vit ? Interview.

Par Nicolas Bauche

(c) Chloé Vollmer-Lo

Vous êtes journaliste spécialisée dans l’alimentation. A la critique gastronomique, vous préférez explorer la nourriture sous le prisme de la société et du genre. Pourquoi ?

Le politique et la nourriture ne peuvent plus être décorrélées. Nos achats ont un impact sur toute la chaîne alimentaire, sur la planète. Ce qu’on ingère a un sens et une portée pour notre devenir. Pourquoi la nourriture n’est-elle pas plus souvent abordée d’un point de vue sociétal ?

Prenons la libération des femmes, depuis le 20e siècle. Elle s’accompagne d’un rapport ambivalent aux tâches ménagères. Une fois qu’elles ont eu accès au marché du travail, étaient-elles pour autant libérées de l’injonction de nourrir leur famille ? Non ! On a juste assisté à une dévalorisation de tout ce qui était fait maison et à l’arrivée des plats cuisinés pour que tout se maintienne comme avant.

La vision politique que nous délivre le monde de l’alimentation est très centrée sur des femmes blanches. Il n’y a pas ou peu de corps différents ou de couleur de peau différente.

On connait le cliché : les hommes mangent plus de viande, les femmes plus de fruits et de légumes. Le genre influence-t-il notre alimentation ?

Ce sont davantage les constructions sociales et culturelles qui ont une influence sur notre alimentation. On expose les femmes, dès leur plus jeune âge, à un discours sexiste et violent. Il suffit de regarder les publicités. Dans les spots alimentaires, les femmes sont mises en scène de manière langoureuse. Les hommes, jamais ! Leur discours prône la minceur, les produits allégés avec un fond de culpabilité. Si on est une femme, on doit s’alimenter d’une certaine manière et pas d’une autre.  Pour ne pas grossir, plaire aux hommes et ne pas être exclue de la société.

Une publicité montrant une femme manger quelque chose de gras à pleine bouche, c’est quasi inexistant ! Une femme, ça ne se goinfre pas. Une femme ne doit pas agir comme un homme avec la nourriture.

Pour autant, tout n’est pas négatif dans la publicité. Elle popularise une inversion des rôles à la maison, en montrant des hommes qui ne sont pas des chefs étoilés et cuisinant pour leur famille.

Nora Bouazzouni

Les mouvements comme le véganisme par exemple ou une plus grande végétalisation de la cuisine actuelle participent-ils à redéfinir les genres, à assouplir les clivages socio-culturels entre les sexes ?

Des clichés persistent dans les esprits.  Notamment ce préjugé selon lequel on ne peut pas être en bonne santé, si l’on ne mange pas de viandePourtant, on peut être végétarien (c’est-à-dire ne pas manger de viande mais consommer d’autres produits animaux) et ne pas avoir de carence. Regardez les États-Unis : on y trouve des résurgences de scorbut dues aux déserts alimentaires. Il faut parcourir de grandes distances, avant de trouver un point de vente de fruits et de légumes frais.

La viande n’est pas plus nécessaire aux hommes qu’aux femmes. C’est un imaginaire où l’on suppose que la viande favorise le développement des muscles, que les protéines animales sont meilleures pour la santé que les protéines végétales. Pourtant, il y a plus de protéines dans des lentillesque dans un cœur de bœuf. Le végétarisme est encore perçu comme un régime alimentaire de faibles. Ce n’est pas pour un bonhomme : il n’y a pas de sang. Manger des brocolis, c’est pour les faibles dans l’imaginaire commun.

En France, on n’a pas d’instruction en matière de nutrition. Je milite pour ! Des dispositifs se montent de plus en plus pour aller d’école en école et éduquer les enfants, dès le plus jeune âge : leur apprendre à goûter des légumes, des radis, des betteraves, leur faire découvrir les différentes variétés de fruits, mêmes les plus courants comme de la pomme et le citron… C’est une des clés.

 

Retrouvez Nora Bouazzouni dans Plus bio la vie, la série de podcasts sur la bio sur notre site et sur Slate.fr.

Retour